Quand j’écoute France Culture, et si je l’écoute c’est que j’y trouve un intérêt, je suis toujours interrogé, en entendant l’animateur présenter son invité par ses titres universitaires, son pédigré.
Le graal de ce pédigré, c’est « le livre édité au Puf…Puf ? ».
La Culture en France, pour France Culture, c’est un titre porté par un savant qui « sait » comme son nom l’indique.
C’est l’éducation savante qui donne le droit à la parole savante, avant et au-dessus de l’expérience.
L’éducation, c’est le contrôle du contenu par un programme. L’expérience c’est la confrontation à l’inconnu, une capacité à l’improvisation et Il n’y a pas de raison de les opposer, elles se complètent.
Pourtant, ici, c’est la formation qui valide l’expérience, l’inverse est un chemin de croix.
Marguerite Duras dit : « Le savoir, c'est ce qu'on vous apprend. La connaissance, c'est ce que vous apprenez par vous-même. »
Dans un CV c’est très parlant la distinction, formation/expérience.
La problématique d’une prééminence de la formation sur l’expérience, c’est la légitimité qui lui est attribuée, et la suite de la légitimité c’est le droit.
Dans une société égalitaire, offrant, réellement, à chacun la possibilité de se former, il n’y aurait rien à en dire. Mais les chiffres sur les inégalités scolaires sont là.
On écouterait sur France Culture la parole de tous, cumulant la richesse de l’expérience à la solidité de la formation.
Mais là, ce pédigrée annoncé c’est celui qui contient dans la réalité, cette sacré réalité dérangeante, l’inégalité, le déni du droit à l’égalité.
France Cultures avec un s, ce serait le début d’une conscientisation de la stigmatisation par l’origine, cette origine sociale, ethnique, machine à inégalité.
Le droit à la parole reste une utopie.
